Les cycles
Les chansons de geste ont été regroupées en
trois cycles
principaux qui prennent
le nom du héros dont sont relatées les aventures. Il y a donc le cycle
du Roi
, qui
raconte les exploits de Charlemagne dans ses guerres contre les Sarrasins: c’est le
cycle dont fait partie la célèbre
Chanson de Roland
.
Il y a celui
de Doon de Mayence
, dit aussi cycle des vassaux rebelles, et enfin
le cycle
de Garin de Monglane
, qui se fonde sur les prouesses de Guillaume
d’Orange et de sa famille.
Le principe du cycle est simple. Après avoir raconté, dans une ou plusieurs
chansons, différents épisodes de l’âge mûr d’un héros, on s’intéresse à sa jeu-
nesse, à sa vieillesse, à celles de ses proches, puis on remonte dans le temps
pour rapporter l’histoire de son père et de son grand-père.
Les sujets
Le schéma narratif des chansons de geste est typique du poème épique:
une
intrigue linéaire
, des
personnages traditionnels
(le roi, le héros, le
traître) et des
situations stéréotypées
. Les thèmes, peu nombreux, se ré-
pètent d’un poème à l’autre et appartiennent essentiellement à la
sphère
historique et politique
: l’exaltation des liens féodaux, la place du roi, les rivalités
entre les chevaliers, la croisade contre les infidèles.
Les récits de
combats
, individuels ou collectifs, occupent toujours une place capi-
tale: on insiste sur la
bravoure
des héros qui, d’un seul coup d’épée, tranchent à la
fois cheval et cavalier. L’analyse psychologique est absente; les femmes et l’amour
n’ont, au début, qu’un rôle marginal [
Horizon
, p. 46].
LA
CHANSON DE ROLAND
Le premier chef-d’œuvre
La
Chanson de Roland
est la plus ancienne des chansons de geste qui soit parvenue
jusqu’à nous. On ne saurait dire exactement quand elle a été composée: les dates
proposées oscillent autour de la
moitié du XI
e
siècle
.
L’auteur
non plus
n’est pas
connu
. Un nom apparaît au dernier vers du poème («
Ici finit la geste que T urold
décline.
»), mais rien ne permet de déterminer si Turoldus est l’auteur, le copiste ou
celui qui a remanié le texte car le mot
décline
empêche d’être plus précis.
Le plus ancien des manuscrits (manuscrit d’Oxford, 1125-1150) présente la
Chan-
son de Roland
en dialecte anglo-normand. Les 4 002 décasyllabes sont répartis en
291 laisses qui parfois se terminent par trois lettres mystérieuses AOI – il pourrait
s’agir d’une pause musicale.
L’action
«Carles li reis nostre emperere magne» (v. 1) a conquis toute l’Espagne sauf la
ville musulmane de Saragosse. Le roi de cette ville, Marsile, promet de se rendre.
Roland propose Ganelon comme ambassadeur auprès de Marsile. Pour se ven-
ger de cette mission périlleuse, Ganelon trahit ses compagnons. Il fait donner à
Roland le commandement de l’arrière-garde de l’armée des Francs que les Sar-
rasins ont décidé d’attaquer.
Quand, au col de Roncevaux, Roland voit surgir l’armée ennemie, il refuse par
orgueil de sonner du cor pour avertir Charlemagne. Les Francs se battent cou-
rageusement mais ils sont tués. Roland, sur le point de mourir [ p. 26], sonne
du cor. Charlemagne l’entend, revient sur ses pas et décime les troupes de Mar-
sile. Les héros sont enterrés et Charlemagne regagne Aix-la-Chapelle. Aude, la
fiancée de Roland, ne survit pas à la nouvelle du décès du courageux chevalier
[
Ressources CD-ROM1
]. Ganelon est jugé et mis à mort avec sa famille.
Statue du chevalier Doon
de Mayence, réalisée par Hans
Peder Pedersen-Dan (1859-1939),
château de Kronborg,
Danemark, 1907.
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