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La poésie
Comme la plupart des littératures nationales, la littérature française naît sous le
signe de la poésie et de l’oralité.
Les genres narratifs sont eux aussi, écrits en vers. Rythme, rimes et répétitions sont
des moyens mnémotechniques qui favorisent la transmission des textes. Ainsi, le
premier genre codifié, apparu au XI
e
siècle, la
chanson de geste
[ p. 24], se pré-
sente comme une suite de strophes irrégulières de décasyllabes assonancés destinés
à la
récitation
publique. Ces poèmes épiques racontent les
actes héroïques des
chevaliers
, exaltent les valeurs de la société féodale et célèbrent l’idéal de la guerre
sainte à l’époque des grandes croisades.
Au XII
e
siècle, les troubadours au Sud et les trouvères au Nord créent un mode
poétique raffiné qui chante, sous des formes très variées, une conception épurée
de l’amour, la
fin’amor
, née dans les cours occitanes [ p. 29]. Au XV
e
siècle,
Fran-
çois Villon
[ p. 56] rénovera profondément la tradition, en y introduisant l’
ironie
,
amusée ou tragique,
et
surtout une note de
réalisme douloureux
.
Le roman et les fabliaux
Création du Moyen Âge, le roman désigne d’abord un texte écrit en
langue vul -
gaire
,
en roman
, par opposition au latin.
Comme genre narratif, destiné à la
lecture
, il apparaît au XII
e
siècle, sous forme
d’un récit en octosyllabes à rime plate. Il faut attendre le XIII
e
siècle, et surtout le
XIV
e
, pour que le roman abandonne les vers pour la prose.
Dès son apparition, il tend à peindre des
aventures merveilleuses
, souvent liées
aux légendes bretonnes [ p. 32] et fait immédiatement preuve d’une
grande sou-
plesse
en traitant les sujets les plus disparates.
Par exemple, le plus grand poème didactique du Moyen Âge, le
Roman de la Rose
[ p. 40] est, comme son nom l’indique, un «roman».
À côté de ce genre moderne, réservé à l’élite aristocratique et vite parodié
[ le
Roman de Renart
, p. 49], on voit apparaître vers la fin du XII
e
siècle, des textes
qui négligent le merveilleux pour aborder la
quotidienneté de la vie urbaine
: les
fabliaux [ p. 44], de brefs contes en vers qui privilégient les situations cocasses et
invraisemblables.
Le théâtre
Le théâtre médiéval [ p. 51] est lié à la sphère religieuse, puisqu’il naît comme
simple
élargissement gestuel des cérémonies du culte
. Progressivement, ces
formes embryonnaires développent un côté spectaculaire (décors, machines), sor-
tent de l’église et se métamorphosent en d’immenses
fêtes rituelles
, les Passions,
auxquelles, au XV
e
siècle, participe toute la communauté.
Parallèlement, les éléments introduits pour satisfaire la population profane gagnent
de l’importance et sont à l’origine de genres autonomes ayant un but éducatif (les
moralités
), satirique (les
soties
) ou encore de simple divertissement (les
farces
).
Au fil des genres
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